jeudi 24 décembre 2020

Luc ferry, La Révolution transhumaniste : comment la techno-médecine et l’ubérisation du monde vont bouleverser nos vies (Plon, 216 pages)

                                                            

« Transhumanisme : une origine, deux destins » tel est le titre de l’article résumant l’œuvre de Luc FERRY dans le journal le Monde[1]

Dans son œuvre, le philosophe Luc Ferry s’interroge sur le devenir de nos sociétés face à la « techno-médecine » et à l’impact disruptif d’Internet. Mais me dirait-on, qu’est-ce que le transhumanisme ? la techno-médecine ? l’ubérisation ou économie collaborative ? Tellement de termes techniques qui éloigneraient le lecteur lambda désirant « dormir moins bête » ce soir. Toutes ces interrogations, l’ancien ministre de l’éducation française y a apporté des éléments de réponse. Le chapitre 1 de son livre est d’ailleurs intitulé « Qu’est-ce que le transhumanisme ? Un essai de type idéal ». Pour Ferry « il s’agit [...] du vaste projet d’amélioration de l’humanité actuelle sur tous les plans, physique, intellectuel, émotionnel et moral, grâce aux progrès des sciences et en particulier des biotechnologies ». Quel projet ahurissant et hallucinant !

Passons maintenant au concept techno-médecine. La techno-médecine est un terme que l'on entend de plus en plus fréquemment. Cette science semble être en passe de devenir l'avenir de la médecine. Mais de quoi s'agit-il ? L'un des grands spécialistes et écrivain sur la techno-médecine est Laurent Alexandre, chirurgien et urologue de formation. Il a notamment écrit plusieurs ouvrages dont La Mort de la Mort, le titre est évocateur. Sa thèse est simple. Pour lui, les technologies, les biotechnologies vont complètement changer l'humain durant notre siècle. Il affirme ainsi que l'espérance de vie va être amené à hausser de façon considérable [2]

Terminons avec « l’économie collaborative ou ubérisation » L'ubérisation, du nom de l'entreprise Uber, est un phénomène récent dans le domaine de l'économie consistant en l'utilisation de services permettant aux professionnels et aux clients de se mettre en contact direct, de manière quasi instantanée, grâce à l'utilisation des nouvelles technologies.[3]  Des économistes étudient l’impact « disruptif » de l’Internet sur l’organisation du travail et la répartition des richesses – un processus que ses partisans appellent « économie collaborative » et ses détracteurs, « ubérisation de la société », en référence à l’entreprise américaine qui met à mal les compagnies de taxis traditionnelles du monde entier grâce à une application pour smartphones. Selon notre auteur, les deux révolutions, génétique (techno-médecine) et économique (ubérisation), s’appuient sur la même infrastructure technique : l’Internet, le big data, l’intelligence artificielle, les imprimantes 3D, la robotique, les nanotechnologies.[4]( le fameux NBIC ( Nanotechnologies, Biotechnologies, informatique – big data, internet des objets- et Cognitivisme – intelligence artificielle et robotique)). Des deux faces que présente ce courant de pensée, la deuxième est l’inquiétant projet « cybernétique » d’une hybridation systématique homme/machine mobilisant la robotique et l’intelligence artificielle davantage que la biologie. C’est celui que propose Ray KURZWEIL le patron de l’Université de la Singularité financée par Google. En toute rigueur, il faudrait parler de posthumanisme que de transhumanisme. »[5] La techno-médecine et l’ubérisation sont soutenues et financées par les grandes multinationales de la Silicon Valley, berceau de la civilisation technologique actuelle du monde.  Face à un tel projet et ses conséquences, d’aucuns penseraient du même coup la fin du capitalisme, Ferry quant à lui, bat en brèche la pensée de ceux qui croiraient à la fin du capitalisme ou ultralibéralisme. Tout cela n’est qu’apparent et le projet transhumaniste ne fait autre que contribuer à la ploutocratie et donc à un « hypercapitalisme » : « La vérité, c’est que l’économie collaborative nous fait entrer dans une ère du capitalisme plus sauvagement concurrentielle que jamais ». [6]

En conclusion de son œuvre, il préconise le retour d’un Etat à la fois « éclairé » et « fort », qui sera capable de réguler ces révolutions en trouvant le juste milieu entre l’interdiction brutale et le laisser-faire intégral. Ferry met en garde, les utilisateurs moins éclairés et friands de gratuité dans la grande sphère qu’est Internet en reprenant ce slogan, si vous ne payez rien en apparence, c’est que « c’est vous le produit » attribué à Tim Cook, patron de Apple. « A bon entendeur, salut ».


Symbole du transhumanisme

                        

KABORE Guétawendé Réné

Philo III

 



[4] Cf lemonde.fr

[5] Luc FERRY, La révolution transhumaniste : comment la techno-médecine et l’ubérisation du monde vont bouleverser nos vies, Plon,2016 p48

[6] Id. p178

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